Pensionnaire au collège Saint Gabriel, à Pont l’Abbé, j’ai 14 ans lorsqu’à la fin du mois de décembre 1941, les Allemands en font une caserne et me voilà, par voie de conséquence au «chômage» de l’éducation nationale. Quelques jours, plus tard, le 5 janvier 1942, j’embarque comme mousse sur la pinasse de mon père. Nous sommes 16 à bord. Après quelques semaines de mal de mer et d’adaptation, je comprends que j’ai trouvé ma voie et me passionne pour ce métier et ses perspectives (à l’époque).
Mousse à 14 ans, patron de pêche à 18 ans, lieutenant à la marine de commerce à 23 ans, je viens d’avoir 32 ans lorsque je prends mon premier commandement au pétrole.
Après 41 années de navigation dont 22 comme commandant sonne l’heure de la retraite.
Déjà bien investi dans la vie associative, je décide de poursuivre dans cette voie. Après, l’AFCAN, dont je suis un des membres fondateurs, je m’investis dans l’association des pensionnés de la Marine Marchande, puis viendront les Abris du Marin, La Touline et plus.
Une anecdote parmi d’autres, qui demeure mon meilleur souvenir de ma longue vie de bénévolat : le 18 avril 1995, après de nombreuses tractations, je suis reçu à l’hôtel Mercure de Nantes par Jacques Chirac lors de la campagne Présidentielle .
Si je suis élu me dit-il je promets de porter à 54% la pension de réversion des veuves de marin. Il est élu Président de la République, plus de 50 000 veuves de l’ENIM verront leurs pensions augmenter dès le 1er Août 1995.
C’est en 2014, à 87 ans que je mets fin à mes engagements associatifs. Aujourd’hui, à 93 ans bien révolus, je garde intact ma passion pour le métier de marin. Cela se sait, cela se voit. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de visites ou d’appels que je reçois régulièrement, tous liés au monde de la mer.
« Pour bien vieillir, ne dis plus de mon temps, vis bien le présent et regarde l’avenir. »
Si je n’ai pas pu m’empêcher de vieillir, je vous assure j’ai réussi à ne pas devenir vieux.
Prêchant encore et toujours pour l’union et, la reconnaissance du travail accompli, à la jeune génération, j’ai envie de lui dire, de lui rappeler que certains savoirs ne s’acquièrent que par l’expérience, qu’il faut aller au bout de ses convictions, ne jamais baisser les bras et, savoir s’entourer.
“Celui qui a réussi sa vie, c’est celui qui a réalisé ses rêves d’enfant”, selon Stendhal.
J’ai réalisé mes rêves d’enfant !
Simon Le Rhun*
*Chevalier de la Légion d’honneur
Chevalier dans l’ordre national du Mérite
Commandeur de l’ordre du Mérite Maritime
Commandeur de le FFBA ( Fédération Française du bénévolat Associatif)